Qui finance les infrastructures en Afrique?

Les besoins en infrastructure font l’objet d’un large consensus. Mais la question de leur financement, de leur montant et de leur source ne semble toujours pas résolue, ce qui pourrait mettre à mal certains projets dans les années à venir. Retour sur les différentes estimations des besoins financiers, l’identité des bailleurs et les raisons des déficits de financement observés.

Le chiffrage des besoins financiers pour mettre en œuvre les Objectifs du Développement Durable (ODD) ou pour les projets d’infrastructure en Afrique a fait l’objet de nombreuses estimations. Celles-ci peuvent varier assez fortement selon les objectifs retenus (quel niveau d’infrastructure optimal vise-t-on ?, des infrastructures de base pour tous, ou des infrastructures améliorées pour une majorité ?), les méthodes employées (quelles hypothèses faites sur l’évolution démographique, l’évolution du taux d’urbanisation, le coût et la durée de vie des technologies ?) et les organismes qui les ont réalisés [1].

Un chiffrage des besoins financiers pour les infrastructures

La CNUCED, Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement, dans son Rapport sur le développement de l’Afrique 2016, recense plusieurs estimations. Celles-ci vont, de 25 milliards de dollars annuels pour le seul secteur énergétique africain à 1.200 milliards de dollars par an pour la réalisation de l’ODD n°1 concernant l’éradication de l’extrême pauvreté dans le monde (seuil d’1,25$/jour/personne).

La Banque mondiale estime les besoins nécessaires pour les infrastructures de transport, d’énergie, dans les TIC et l’eau à 93 milliards de dollars par an pour le continent africain. Un montant considérable puisqu’il représente entre 10 et 12 % du PIB des pays à revenu intermédiaire et entre 25 et 36 % pour les pays à faible revenus [2]. En 2010, l’Africa Infrastructure Country Diagnostic (AICD), commandité par l’ICA [3] (Infrastructure consortium for Africa), tablait dans son évaluation sur les mêmes besoins, à hauteur de 93 milliards de dollars par an pour le continent africain.